ROOS&ROOS - Le Parfum de niche imaginé par la Grande Dame du Parfum

CHANTAL ROOS,  Fondatrice et Présidente de ROOS&ROOS

Le parcours de celle que l’on surnomme « La grande Dame du Parfum »,

est à l’image de cette dirigeante française, discret et exceptionnel.

C’est un peu par hasard que Chantal Roos entre dans l’univers de l’olfactif.

Mais sa passion, sa détermination et sa sensibilité unique pour le Parfum,

feront bientôt d’elle, le visage incontournable de cette industrie.    

Commencent alors des collaborations prestigieuses avec les plus grands créateurs, Yves Saint Laurent, Issey Miyake, Jean-Paul Gaultier…

Et l’invention d’un métier… qui consiste à s’approprier l’univers du créateur, son imaginaire, puis à traduire en notes olfactives, ses pensées les plus abstraites pour voir naître,  

avec la complicité d’un nez, le jus fantasmé.

Ainsi, celle qui a le génie modeste, réalise des succès commerciaux planétaires

(Opium, Le Mâle ou encore L’Eau d’Issey…), et occupe des postes de Direction (YSL, Shiseido…),

qui lui valent le respect de tous, y compris des plus réfractaires à imaginer une femme

au sommet d’une grande maison...

La légende de l’Icône du Parfum est née.

Quelques années plus tard, la femme de caractère et de valeurs, 

fonde son Cabinet de conseil C.R.E.A,

avant de lancer sa propre marque de Parfum de niche,  ROOS&ROOS, en 2014.

Avec humilité et beaucoup de plaisir, l’élégante parisienne s’investit corps et âme

dans cette nouvelle et belle aventure de femmes, initiée par sa fille Alexandra.

Elle s’inscrit alors dans cet univers plus confidentiel, avec pour ambition,

de faire vivre autrement ce savoir-faire unique qui est le sien.

La transmission lui tient à cœur.

Mère et fille imaginent alors des jus racés pour ROOS&ROOS,

véritable hymne à la femme amoureuse d’aujourd’hui.

RENCONTRE EXCLUSIVE AVEC UNE DIRIGEANTE AUSSI EXIGEANTE QU’INSPIRANTE

Chère Chantal, merci beaucoup d’avoir accepté cette interview exclusive Luxe & Savoir-Faire.

Après un parcours professionnel immense auprès de grands noms du Luxe, créer sa propre maison de niche est-ce une entreprise courageuse ou une évidence ?

C’est inconscient !

L’idée est venue de ma fille Alexandra, qui ne vient pas de cet univers. Une idée que j’ai trouvé intéressante, bien que les enjeux financiers de soient pas les mêmes dans la parfumerie de niche.

Je ne connaissais pas ce fonctionnement, puisque j’avais toujours dirigé de grandes entreprises, avec une distribution très différente et des enjeux d’une autre dimension.

J’avais une expertise dans le développement de l’olfactif bien sûr, mais je ne savais pas encore comment j’allais me positionner dans ce réseau mondial.

J’ai eu la chance de commencer chez Harrod’s à Londres, puis au Bon Marché à Paris, chez Bergdof Goodman à New York…

Mais la question qui se posait, était la suivante : comment m’inscrire dans un circuit très sélectif tout en développant cette marque ? D’autant que, le parfum de niche avait déjà explosé.

C’était un sacré challenge !   

Beaucoup de maisons de parfums confidentiels évoquent au travers de leurs créations la poésie, le souvenir, l’enfance…

Vous êtes dans l’évocation de la femme avec ses différentes facettes, ancrée dans la vie.

Est-ce là ce qui vous singularise ?

Effectivement. Nous venons, d’ailleurs, de signer un contrat avec la Fondation des Femmes.

Il est important de l’évoquer.

Il existe un certain nombre d’associations en France, qui viennent en aide aux femmes victimes de violences, de discriminations... Cette Fondation a été créée il y a trois ans, dans le but de centraliser les dons et de les répartir en fonction des besoins les plus urgents.

Nos convictions personnelles nous ont naturellement mené à nous associer à cette démarche bénévole (135 avocats œuvrent pour défendre ces femmes gratuitement).

La générosité est importante pour nous, et il y a beaucoup à faire pour aider ces femmes.

Nous le faisons, notamment, en reversant une partie de nos ventes effectuées via notre site marchand.

Mais je tiens à préciser que, nous sommes des femmes qui aimons les hommes !    

Il y a également une dimension de transmission qui est importante pour nous, entre la mère et la fille…

Cette aventure est née de ces moments de femmes, de ces envies de femmes…

De la femme amoureuse, à la femme plus dominatrice avec ‘Mentha Religiosa’, ou encore ‘Song for a Queen’ qui représentait pour moi les mannequins sublimes de toutes les ethnies des défilés YSL.

A l’époque, je demandais d’ailleurs à Monsieur Saint Laurent, comment une femme qui n’était pas habillée par lui, pouvait être belle ?

Il me répondait : « Si elle est au bras de l’homme qu’elle aime, et qu’il l’aime, alors elle est magnifique… ».  Ce qui signifie que toutes les femmes peuvent être des reines !

Par ailleurs, dans notre brand book est inscrit « Liberté Egalité Féminité »...

Nous sommes très attachées à la liberté. Et à mes yeux, le parfum est une forme de liberté.

Il traduit une personnalité. On en change selon son humeur, ses envies….

Ces dernières années, nous assistons à une montée en puissance du marché de la haute parfumerie.

Parler de niche est-ce encore d’actualité ?

J’aimerais que l‘on utilise une autre dénomination, mais il semble que l’on ne connaisse que celui-ci, notamment dans la presse.

Plusieurs centaines de lancements de parfums de niche par an, que je ne vois pas forcément d’ailleurs.

Mais il ne faut pas oublier les lancements dans les différents pays, et surtout il y a des météores !

Il est nécessaire d’avoir un minimum de stratégie, un vrai concept pour se différencier sur ce marché très concurrentiel. Il faut créer des envies, ce qui prend du temps. 

Vous êtes une femme entrepreneur, visionnaire. Comment envisagez-vous l’avenir de ce marché dans les 10 prochaines années ?

Difficile à dire. Je pense qu’il y aura une ‘surchauffe’ du marché de niche. Certaines marques seront rachetées et pourront investir dans d’autres circuits de distribution dite ‘traditionnelle’. Estée Lauder fait cela très bien, en rachetant plusieurs marques, dont Frédéric Malle, By Killian. Puig se lance également. LVMH a une forte participation au capital de la Maison Francis Kurkdjian, ce qui permet à cette dernière, d’avoir une plus grande visibilité et de se développer.

Mais il y a une limite quant au développement des marques de niche, le marché ne peut pas tout absorber.

En revanche, la distribution s’organise. On distingue aujourd’hui des espaces dédiés, comme au Printemps par exemple, qui a consacré, pour la première fois en France, un tel espace aux marques de niche. Les retombées ont d’ailleurs été excellentes.

De plus, il y a encore du potentiel à l’étranger, comme en Chine notamment, où certains distributeurs commencent à rechercher des marques de niche.

Vous êtes fidèle à Fabrice Pellegrin, un parfumeur grassois, qui travaille chez Firmenich, et avec qui vous avez une grande complicité.  Comment s’est passé cette rencontre ?

J’ai beaucoup travaillé avec Firmenich.

Pour ROOS&ROOS, l’on m’a proposé trois nez, dont Fabrice, qui a tout de suite compris l’histoire que nous souhaitions raconter à travers ce jus. Nous avons donc naturellement continué cette collaboration.   

Nous avons tout d’abord commencé à travailler sur la collection « Originale ».

Puis nous avons souhaité aller plus loin dans notre quête de matières premières, dans notre expression de la Parfumerie, et avons créé la collection « Exclusive ».

Le plus grand succès de cette collection étant ‘Song For a Queen’.

Vous ne proposez pas de ligne dédiée aux hommes…

Je pense qu’aujourd’hui un parfum est plus libre ! On ne parle plus de genre lorsqu’on évoque un jus.

La plupart de nos parfums sont mixtes, tels que ‘Mentha Religiosa’ qui est d’ailleurs très souvent portés par des hommes.

La Fragrance Foundation France, vous a décerné le Fifi Awards 2017 de la Meilleure Fragrance d’une Marque de Niche Indépendante, pour Mentha Religiosa justement.

Quelle femme se cache derrière ce parfum ? D’où est partie votre inspiration ?

Nous avons été très surprises de recevoir ce prix, il est arrivé très tôt.

Nous avons été récompensées pour la qualité du travail réalisé sur l’association de menthe poivrée sur un fond d’encens, qui n’existait pas jusque-là.

L’inspiration de ce parfum, est la femme fatale, la femme dominatrice, forte. La connotation religieuse nous  a été inspirée par les notes d’encens.   

Avez-vous le sentiment de participer à la valorisation des savoir-faire français de l’univers du Parfum à travers le monde?

Je n’ai pas cette prétention ! Je dirai simplement que, si notre travail permet à tous ceux qui collaborent avec nous, de mieux s’exprimer, tant mieux.

Quelle est votre matière première préférée ?

Je ne peux en citer qu’une ?

Le cœur de patchouli, la tubéreuse… il y en a plein d’autres !

Quel parfum auriez-vous aimé créer ?

Celui pour lequel j’ai eu une véritable obsession pendant très longtemps,  Aromatic Elixir, c’est-à-dire, une overdose de patchouli !

Et plus récemment, j’aurais aimé créer Terre d’Hermès. J’aime le Vétiver, et celui-ci est particulièrement réussi.

Un grand merci à Madame Chantal ROOS pour cette interview Luxe & Savoir-Faire.

www.roosandroos.fr

Crédit Photos:  ROOS&ROOS