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Luxe & Savoir-Faire

Le blog dédié aux précieux savoir-faire du Luxe, du Parfum et de la Mode.

Les Métiers de la Main - Le Gouacheur

Croquis collier Haute Joaillerie, Création Estelle LAGARDE

 

Les univers de la Joaillerie et de la Haute Joaillerie, recèlent de savoir-faire séculaires qui participent activement au rayonnement du Luxe français, dans le monde entier.

Souvent méconnus du grand public, ils sont pourtant l’un des piliers

de notre patrimoine immatériel français.

 

Certains d’entre eux, dont la maîtrise se raréfie, ont été qualifiés par la branche de ‘savoir-faire sensibles’. C’est le cas du lapidaire, du sertisseur ou encore du polisseur, qu’il est fondamental de préserver.

 

D’autres métiers de la filière émerveillent, comme celui du joaillier, du maquettiste ou du gouacheur, tout en préservant leur part de mystère.

 

Levons le voile sur ce dernier savoir-faire, celui du Gouacheur. Un savoir-faire ancestral, puisque lié à l’art du dessin joaillier, qui remonte à la Renaissance.

 

Incontournable dans le processus de création et de fabrication de la pièce joaillière ou horlogère, le gouacheur est un maillon clé de cette chaîne de valeur.

Il s’imprègne des inspirations et des directives du créateur, pour donner vie à la précieuse pièce du bout de ses pinceaux, au travers de la magie de ses couleurs.

 

 

Rencontre avec une gouacheuse de talent, 

Estelle LAGARDE, qui nous parle avec passion et humilité de ce beau métier.

Estelle LAGARDE

 

Estelle, comment avez-vous développé cette passion pour ce savoir-faire ?

Je souhaitais au départ devenir joaillière. J’ai donc suivi une formation de qualité à l’école Amblard à Valence, pour apprendre à travailler les métaux, le sertissage… Et c’est au cours de cette formation pluridisciplinaire que j’ai découvert le gouaché. J’avais déjà une appétence pour la peinture, réalisant moi-même des toiles à l’huile. Tout naturellement, je suis tombée amoureuse de ce métier. Je me suis donc concentrée sur cette technique qui nécessite une grande maîtrise.

 

Combien d’années de formation et de pratique sont nécessaires pour acquérir la maîtrise de ce savoir-faire ?

Pour ma part, je suis diplômée d’un CAP et d’un Brevet des Métiers d’Art, ce qui représente 4 années d’étude nécessaires à la maîtrise de la technique du gouaché.

Toutefois, comme pour tout métier de la main, 6 ans de pratique sont indispensables pour réellement maîtriser le geste.

Me concernant, le plus délicat réside dans l’art de dompter la matière, c’est-à-dire, travailler les rendus (la transparence des pierres, l’opacité des perles, la texture des métaux ou encore du cuir, pour les bracelets de montre.)

Montre Gouaché Jaeger-Lecoultre

 

Depuis de longues années en France, les formations qui mènent aux métiers de la main sont dévalorisées. Comment contribuez-vous à faire changer ce point de vue ?

Effectivement, beaucoup d’idées reçues circulent en ce sens. J’en ai moi-même fait l’expérience lorsque j’ai fait ce choix de carrière.

Pourtant, ces formations pratiques offrent la maîtrise d’un métier et parfois d’un métier d’exception …

Il m’est arrivé de susciter de vocations, en échangeant avec le plus jeunes,  ce qui est valorisant. Je m’aperçois que les choses commencent à changer.

J’ai récemment participé au salon BIJORHCA (Salon International de la Bijouterie/Joaillerie) à Paris, où j’ai pu faire connaitre mon savoir-faire. Cela me tient particulièrement à cœur. J’espère pouvoir participer à d’autres événements pour cela.

Il est important de montrer que le dessin de bijou, n’est pas uniquement de l’art mais qu’il a une réelle utilité, et qu’il est l’une des premières étapes du processus de création d’un bijou.

 

Vous définissez-vous comme une artiste ou un artisan ?

J’apporte une dimension artistique à mes peintures, mais je ne me considère pas comme une artiste. Il s’agit là d’un savoir-faire. D’ailleurs, je suis designer et gouacheuse.

Le design part d’une idée, d’une pierre, toute source d’inspiration... C’est au cours de cette première étape que je réalise les premiers croquis. Je réalise ensuite le dessin technique, pour obtenir toutes les cotations réelles, les pierres qui seront utilisées, les sertis, les articulations des pièces et les volumes que nous souhaitons donner.

Puis entre en jeu, mon métier de gouacheuse, lorsque le dessin à échelle 1 est prêt.

Ce gouaché doit être réaliste, puisqu’il sera utilisé par les ateliers de fabrication, telle une fiche technique. 

Collier Création Estelle LAGARDE

 

Les savoir-faire évoluent au gré de nouvelles technologies mises à disposition. Le gouacheur travaille-t-il aujourd’hui à partir d’une palette graphique par exemple ?

Beaucoup de gouacheurs les utilisent effectivement. Ce n’est pas mon cas, d’une part parce que je ne suis pas à l’aise avec l’utilisation de ce type d’outil, d’autre part, parce que le rendu n’est pas le même.

Un gouaché fait main suscite d’avantage l’émotion. Il est teinté de l’histoire et du savoir-faire de la maison joaillière, et c’est ce que recherche aujourd’hui le client.

Ce travail de la main lui confère le sentiment de participer à la création de la pièce imaginée.

 

Vous travaillez pour la Haute Joaillerie et pour l’Horlogerie. Qu’aimez-vous en particulier dans chacun de ces univers ?

En Haute Joaillerie, j’apprécie particulièrement le travail de la transparence des pierres. Pour l’Horlogerie, le rendu des matières, comme le cuir par exemple, est ce que je préfère réaliser. J’aime aussi l’infinie précision qu’un cadran à complications nécessite. C’est probablement le plus gros challenge dans ce métier, et plus précisément les écritures, la typographie à réaliser à l’intérieur des cadrans.

Gouaché Montre Roger Dubuis
Gouaché Bague Espoir, Création Estelle LAGARDE

 

Combien de jours de travail en moyenne nécessite la réalisation d’un gouaché ?

C’est très variable. Pour une montre, 3 à 6 jours sont nécessaires, en fonction de la complexité du modèle. En Haute Joaillerie, cela dépend également du nombre de pierres, du nombre de couleurs utilisées, de la pièce en elle-même  (Bague, collier…). 

 

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes qui découvrent et ont envie de faire ce métier ?

Il faut faire preuve de persévérance pour acquérir les techniques, le travail est la clé. Ne pas croire qu’elles sont innées, elles s’apprennent. Chacun peut donc y parvenir, à condition de travailler et d’être passionné !

 

Un grand merci à Estelle LAGARDE, pour cette interview Luxe & Savoir-Faire!

Crédit photos:  Estelle Lagarde

Instagram: Lagardeejewelrydrawing

Facebook: Estelle Lagarde Jewelry Drawing

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